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Libération
Reportage

«PK5», le quartier retranché des derniers musulmans de Bangui

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Défendus par de jeunes miliciens, les milliers d’habitants qui n’ont pas encore fui la capitale centrafricaine vivent dans la peur des attaques des anti-balaka.
publié le 3 juin 2014 à 18h56

Ils se sont organisés pour faire face aux attaques. Des groupes de jeunes se relaient pour patrouiller à la lisière du quartier, des derniers rayons du soleil jusqu'au matin. «Des milices d'autodéfense armées de machettes, d'arcs et de flèches», selon les habitants. Ces rondes sont devenues le quotidien des jeunes du PK5, cette zone de retranchement des derniers musulmans de Bangui. Ils seraient entre 2 000 et 3 000 alors que, six mois plus tôt, ils étaient environ 200 000, soit 20% des habitants de la capitale centrafricaine. Des résistants, majoritairement des hommes, qui demandent aujourd'hui à être évacués par la communauté internationale après l'annonce d'une opération de désarmement du pays par la présidente de transition, Catherine Samba-Panza.

Les tentatives d'incursion des anti-balaka (en majorité chrétiens) sont quotidiennes. Le docteur Oumarou, professeur de physique à l'université, retranché dans sa modeste maison, ne cache pas sa peur. «Nous entendons le crépitement des armes tous les matins. Je suis stressé, la situation que nous vivons en ce moment est extrêmement difficile.» Il espère pouvoir bientôt effectuer une mission de recherche au Cameroun mais sait qu'il ne pourra pas se rendre à l'aéroport, zone particulièrement sensible située à quelques kilomètres du PK5, sans escorte. «Sans ça, c'est un aller sans retour.» Néanmoins, il parvient encore à aller dans le centre-ville, mais en prenant toutes les précautions. «On fait tout