Même si Bachar al-Assad a été réélu avec 88,7% des voix, selon le score annoncé mercredi soir par le président du Parlement, c’est un chef d’Etat de fiction que les Syriens ont désigné mardi. Une grande partie de son propre pays continue de lui échapper, en dépit de récentes victoires militaires.
Sur les territoires qu’il contrôle (environ 40% de la Syrie), ce n’est plus vraiment son armée qui est maître du jeu, notamment en raison des lourdes pertes qu’elle a subies - 37 685 soldats et 23 485 miliciens avaient été tués à la fin décembre, selon la Croix-Rouge. Dès lors, ce sont les milices étrangères alliées du régime qui apparaissent aujourd’hui comme les forces dominantes dans le camp loyaliste, dont le Hezbollah libanais, les supplétifs de Assaïb Ahl al-Haq, une formation paramilitaire chiite irakienne, et les nombreux conseillers militaires iraniens. Certes, le raïs a bien reconquis plusieurs villes mais, à l’image de Homs, la «capitale de la révolution», elles sont souvent à ce point anéanties et dépeuplées qu’elles apparaissent fantomatiques, réduites à des enfilades de ruines, et l’on voit mal comment le scrutin a pu s’y tenir. Même dans nombre de quartiers de Damas, la capitale et le cœur battant du régime, le vote s’est tenu sous le feu des mortiers de la rébellion - plus de 130 obus ont été tirés mardi, selon le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’homme, Rami Abdel Rahmane.
Tragi-comédie. Président de fiction, Bach