«Nous vivons sous le siège de Boko Haram», a alerté le sénateur de Gwoza, une localité dans le nord-est du Nigeria. Mohammed Ali Ndume ne peut plus mettre un pied dans sa circonscription. Le 1er juin, Boko Haram a assassiné neuf personnes dans une église. Les villageois ont alors pris les armes et tué 37 terroristes, déclenchant des représailles d'une violence inouie. Les combattants de Boko Haram sont revenus le lendemain et ont attaqué trois villages de la localité de manière quasi simultanée. «Ils étaient habillés avec des uniformes de l'armée. On a pensé que les soldats nous venaient en aide», témoigne une villageoise.
Selon les journalistes nigérians sur place, environ 500 personnes ont été tuées dans l'Etat de Borno la semaine dernière, la plus sanglante dans ce fief de Boko Haram depuis 2009. Mais aucun bilan officiel n'a été effectué. L'armée n'a plus accès à Gwoza depuis que Boko Haram a fait exploser deux ponts qui mènent à cette zone proche de la frontière avec le Cameroun. De toute façon, elle n'y allait déjà plus. Nglamuda Ibrahim, un élu local d'Ashigashiya, l'un des villages attaqués, implore de l'aide : «Les soldats et la police ne sont toujours pas arrivés. On ne compte même plus le nombre de maisons et de bâtiments brûlés.» Boko Haram a planté son drapeau en signe de victoire. Dans le centre du village d'Ashigashiya, flotte une grande bannière noire à son nom, qui signifie littéralement «l'éducation occidentale est un pé