Vu l'allure des quatre principaux acteurs, hier, Plaza de la Lealtad à Madrid, à l'occasion du «jour des forcées armées», tout était clair. Au son d'une musique militaire aux accents funèbres, on pouvait voir le roi Juan Carlos Ier dans son uniforme vert kaki bardé de médailles, telle une figure de cire, raide, d'un autre âge ; à ses côtés, la reine Sofia, dont le vêtement violet flashy contrastait avec le regard distrait et absent ; à proximité, tout de blanc vêtus, le prince Felipe et son épouse d'origine roturière, Letizia, le sourire aux lèvres, la santé éclatante, la pose triomphale. Ce couple-ci occulte désormais celui-là. Sauf énorme surprise, le fils unique du monarque Bourbon sera couronné le 19 juin, en tant que «Felipe VI».
Continuité. Depuis l'abdication surprise annoncée par un Juan Carlos déconfit, le 2 juin, le gouvernement conservateur - soutenu par toutes les institutions - s'est empressé d'activer tous les mécanismes pour accélérer le processus de succession, une situation inédite puisque, comme le rappelait récemment Juan Carlos, «les rois Bourbon ont l'habitude de mourir avec la couronne sur la tête». Mercredi, à la Chambre basse du Parlement, 90% des députés devraient voter une loi autorisant à la fois l'abdication du père et le couronnement du fils. «Tout se fait dans la plus totale normalité», insiste la Maison royale.
Ce n'est pourtant pas l'avis de la majorité des Espagnols. Selon un so