Les tentes montées à la hâte grimpent sur les talus. Ici et là, les bâches noires où claque la bannière du Mouvement des travailleurs sans toit (MTST) pendent piteusement, soufflées par le vent et la pluie. 4 800 familles de mal-logés campent sur cet immense terrain de 150 000 m2 situé à seulement 4 kilomètres de l'Itaquerão, le stade futuriste où se tiendra, jeudi, le match d'ouverture du Mondial. Le contraste est saisissant, et le MTST a le sens du symbole. Ici, c'est «Copa do povo», la «Coupe du peuple», ainsi qu'a ironiquement été baptisé le campement.
Henrique est un grand gaillard au visage balafré. Le Mondial ? «C'est pour les riches. Nous, les pauvres, on paie l'addition.» Il est l'un des premiers à avoir squatté les lieux, début mai. Comme beaucoup ici, il vient d'Itaquera, le district populaire où se trouve l'arène toute neuve. Sa construction, ainsi que les ouvrages routiers pour y donner accès et améliorer la circulation, ont fait flamber les prix et les loyers dans la zone. Et cela, même dans la favela où Henrique vivait avec sa femme et son fils. Ce mécanicien est payé au salaire minimum (236 euros), qui a quasiment doublé depuis l'arrivée au pouvoir, il y a onze ans, du Parti des travailleurs (PT) de l'ex-président Lula et de sa protégée, Dilma Rousseff, élue en 2010. «Mais là, on n'arrive plus à joindre les deux bouts, même à deux», explique-t-il. Son loyer a grimpé de plus de 30%. Alors, Henrique a sauté le pas. Rejoindre