Le mouvement social qui paralyse plusieurs villes du Brésil dont São Paulo, où s'ouvre la Coupe jeudi, est l'expression d'un malaise économique profond, selon le politologue Aldo Fornazieri. Pour lui, «sans la crise, le Mondial serait le bienvenu», mais en l'état des choses, il est utilisé pour faire «monter les enchères».
Quel impact auront les grèves sur le gouvernement du Parti des travailleurs (PT) ?
Ce sont surtout les syndicats du secteur public municipal et des Etats fédérés qui protestent. C'est une tradition à l'approche des élections générales [en octobre, ndlr]. Le Mondial leur offre une visibilité inédite et permet d'accroître la pression. La police ou les employés des transports, par exemple, sont stratégiques pour le bon déroulement de la compétition, et ils en profitent pour faire monter les enchères.
N’y a-t-il pas aussi une tentative d’exploitation politique du Mondial ?
L'extrême gauche est à la manœuvre, à la fois contre le PT, qui gouverne aussi la mairie de São Paulo, et le Parti de la social-démocratie brésilienne [PSDB, centre droit], à la tête de l'Etat de São Paulo. C'est elle qui est derrière le syndicat des professeurs municipaux, restés en grève pendant quarante et un jours, mais aussi celui des employés du métro, qui paralyse le réseau depuis jeudi pour tenter de faire céder le gouverneur. Principale formation d'opposition, le PSDB cherche de son côté à affaiblir directement la pré