D'Elvas en direction de Lisbonne, de la capitale vers Porto ou tout au long de l'Algarve, c'est le même spectacle : des autoroutes presque vides et, en parallèle, des routes nationales bondées, envahies de camions, où les véhicules individuels prennent souvent des risques insensés pour doubler. Ce contraste est perçu comme le symbole le plus saisissant d'un pays qui semble revenir en arrière. En cause, le fait que toutes les autoroutes sont payantes et les péages élevés, eu égard au niveau de vie, avec un salaire minimum ne dépassant pas 366 euros. A titre d'exemple, un aller-retour entre Lisbonne et Coimbra - distantes d'environ 200 kilomètres - revient à 35 euros. «Que va-t-on faire de nos cathédrales luxueuses et vides ?» s'exclamait récemment un éditorialiste de l'hebdo Visão pour désigner ces grandes voies quasi désertes voire, à certains moments de la semaine, fantomatiques. Les autorités reconnaissent un échec patent : ce réseau autoroutier est un gouffre financier.
Tout a commencé au printemps 2011, au moment où la troïka (FMI, UE et Banque centrale européenne) s'engage à prêter 78 milliards d'euros pour éviter au pays de sombrer dans la banqueroute. Du jour au lendemain, les autoroutes, dites «Scut» - un acronyme signifiant «sans coût pour l'utilisateur» - deviennent payantes sur demande des bailleurs internationaux. Il s'agit, dit le gouvernement socialiste de l'époque, de «tirer profit de ces merveilleuses infrastructures», en bonne parti