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Libération
Reportage

Dans le désert de Libye, une oasis au bord de l’asphyxie

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L’accès à Rebiana, dernière cité des Toubous dans le Sud-Est, est coupé par l’ethnie rivale des Zwaïs, qui aurait le soutien des autorités. L’existence du village est en jeu.
publié le 10 juin 2014 à 19h26

Le directeur de l'école sonne la cloche alors qu'un seul professeur est présent. Le Dr Lee ausculte un enfant bien qu'il n'ait que du paracétamol à offrir. Mohamed et Ramadan, les «ingénieurs», enjambant la rigole de pétrole qui coule du vieux générateur, en sont réduits à prier pour que la courroie du moteur ne lâche pas. Des gestes vains à la portée vitale : maintenir Rebiana sur la carte.

Se rendre dans cette oasis peuplée de Toubous (ethnie nomade présente en Libye, au Tchad et au Niger), dans le sud-est de la Libye, relève du périple. A partir de Mourzouk, fief desdits Toubous en Libye, il faut embarquer 600 litres d’essence pour l’aller-retour. S’ensuivent vingt heures de désert tantôt rocailleux, tantôt sablonneux. Après environ 800 kilomètres, apparaissent, sur la gauche, des palmiers et des clôtures de branches séchées : bienvenue à Rebiana.

Depuis la fin de la révolution, ni responsable politique ni ONG ne sont officiellement venus dans cette ville de 4 000 habitants. Pourtant, elle n'est située qu'à 150 kilomètres de Koufra, principale localité du sud-est libyen, dotée d'un aéroport. Sauf que Koufra est sous contrôle de la tribu arabe des Zwaïs, en conflit avec les Toubous depuis la fin de la guerre contre le régime de Kadhafi. En janvier, les combats ont repris violemment. Les Zwaïs - dont les responsables ont refusé de recevoir Libération «pour des raisons de sécurité» - bloquent l'accès aux deux routes qui mènent à Rebiana. D