Les digues ont encore sauté. Un mois seulement après le grand scandale de corruption mis au jour début mai autour du chantier pour l’Expo universelle 2015 de Milan, c’est Venise qui, la semaine dernière, a été emportée dans la tourmente des pots-de-vin. Une trentaine de personnes font l’objet d’une enquête, parmi lesquelles le maire démocrate, Giorgio Orsoni, des hommes d’affaires, des policiers et même un général de la brigade financière. L’ancien ministre de la Culture de Silvio Berlusconi, Giancarlo Galan, est lui aussi soupçonné, et d’autres inculpations dans le gratin de la politique transalpine pourraient suivre. Le pharaonique projet Moïse, visant à protéger la cité des Doges de la montée des eaux grâce à la construction de 78 barrières mobiles et flottantes aurait donné lieu à un système de pots-de-vin. Une caisse noire de plusieurs dizaines de millions d’euros aurait ainsi permis de financer les campagnes, les carrières politiques et alimenté le luxueux train de vie des bénéficiaires.
«Perfectionné». «Rien n'a changé», se désole l'ancien substitut du procureur de Turin, Bruno Tinti. Après l'opération «Mains propres» qui avait débuté, en 1992, après l'arrestation d'un élu socialiste milanais pris en flagrant délit, la péninsule a le sentiment de revivre perpétuellement la même comédie des affaires. «Il y a pratiquement chaque jour un nouveau scandale, poursuit Bruno Tinti. <