L'offensive éclair des jihadistes de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), qui se rapprochent de Bagdad, est la revanche posthume de Saddam Hussein. Même si personne aujourd'hui ne se réclame du sanguinaire tyran irakien, les milliers d'officiers (la plupart sunnites) qui travaillaient pour son immense système de répression, ses six services de renseignements et la terrifiante Garde républicaine n'ont pas tous disparu. On les trouvait déjà aux côtés des groupes islamistes qui, en pleine guerre d'Irak, lors des deux batailles de Fallouja, au printemps et en novembre 2004, affrontaient les troupes américaines, leur causant les plus lourdes pertes depuis la guerre du Vietnam. Certes, ce ne sont pas eux qui forment les kataëb (brigades), qui se sont emparées jeudi de Mossoul et progressent en direction de Bagdad. Mais ces anciens officiers, à la fois sunnites et baasistes, semblent être la main invisible qui orchestre les opérations de l'EIIL, le Daech, selon son acronyme arabe.
Ainsi, Abou Abdou Rahman al-Bidawi, l'homme qui dirige les opérations militaires de Daech, est un ancien officier de Saddam Hussein, tout comme son assistant Abou Ali al-Anbari. Abou Ahmed al-Alwani, le wali («gouverneur») nommé par les insurgés pour la province d'Al-Anbar (ouest) et l'un des chefs militaires de Daech, est un ancien colonel de Saddam. Abou Muslim al-Turkmani, autre commandant des insurgés, fut aussi un baasiste notoire. Même dans la Syrie voisine, où sévit la bra