Le président sortant, le libéral Juan Manuel Santos, n'y va pas par quatre chemins et présente le scrutin comme un «choix entre la fin de la guerre et la guerre sans fin». Le second tour de l'élection présidentielle colombienne, ce dimanche, aura en effet des allures de référendum pour ou contre les négociations de paix que le chef d'Etat a entamées il y a vingt mois à La Havane (Cuba) avec la guérilla marxiste des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc). Son adversaire de droite dure, Oscar Iván Zuluaga, a créé la surprise en devançant Santos de 3% au premier tour, avec 29,5 % des voix, grâce à un discours hostile à ce processus. «Nous ne pouvons pas laisser les Farc gouverner le pays depuis Cuba», a-t-il lancé au soir du premier tour, sous les ovations de militants avides de «sécurité». «Il est impossible de faire confiance à la guérilla, expliquait dans le public une de ses sympathisantes. Si elle n'accepte pas les conditions de l'Etat, il faut la soumettre.»
«Pari politique». En prenant le processus de paix comme étendard de sa réélection, Juan Manuel Santos a joué gros. Les négociations sont «sans aucun doute le pari politique le plus risqué des vingt-cinq dernières années, vu l'énorme rejet que nous sentons en majorité pour la guérilla en Colombie», éclaire l'éditorialiste Hector Riveros, négociateur du pouvoir dans les années 90. Le Président, réputé bon joueur de poker, en a <