Le 5 avril dernier près de sept millions d’Afghans sur onze millions d’inscrits, dont 40% de femmes, sont allés voter au premier tour des élections présidentielles afin de permettre la première transition politique démocratique de l’histoire du pays. Malgré les conditions climatiques, la pauvreté, les distances, et surtout les menaces d’attentats et de représailles des talibans, un peuple déterminé a convergé vers les bureaux de vote disséminés à travers le pays pour exercer son droit souverain. Ce faisant, il a démontré au monde son attachement à la démocratie et au progrès, ainsi que son refus de la violence et de l’obscurantisme. Les enjeux de ces élections, et leurs répercussions, sont déterminants aussi bien pour l’Afghanistan que pour la stabilité régionale.
Sur le plan interne, si le processus démocratique arrive à son terme sans encombre, il constituera un tournant fondateur pour le pays. En premier lieu, les Afghans auront pour la première fois exprimé et établi leur souveraineté face à une classe dirigeante qui n’en a historiquement jamais tenu compte. Ainsi, le futur gouvernement devra respecter le message explicite du peuple dont les sacrifices lui auront conféré le droit d’exiger désormais une gouvernance responsable, une intolérance envers la corruption et l’incompétence étatique, et des réponses concrètes à la crise économique. Ces élections constitueront aussi un tournant dans l’émergence d’une véritable nation grâce à une réelle politisation du débat démocrat