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TRIBUNE

Iran : les libertés victimes de promesses mortes

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Un an après l'élection de Hassan Rohani à la présidence, les progrès diplomatiques du régime conduit par celui qu'on considère comme l’antithèse de Mahmoud Ahmadinejad ne doivent pas cacher l'absence de changement sur les droits de l'homme.
Un Iranien tient la photo du Président Hassan Rohani. (Photo : ATTA KENARE.AFP)
par Karim Lahidji, Président de la FIDH, avocat iranien
publié le 14 juin 2014 à 11h14
Les diplomates se réjouissent. Un an après l’élection de Hassan Rohani à la présidence, les relations entre l’Iran et les chancelleries occidentales sont (presque) au beau fixe. Qualifié parfois de «réformiste», Hassan Rohani est présenté dans de nombreux journaux comme l’antithèse d’un Ahmadinejad au discours belliqueux et violemment antisémite. Entouré de conseillers assez avisés, après son élection il n’a pas tardé de fait à entamer un vaste chantier de négociations sur le programme nucléaire destiné à obtenir une levée des sanctions qui pèsent lourdement sur l’activité économique iranienne.

Selon le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, les négociations nucléaires qui se poursuivent à Genève sont certes «difficiles», mais elles avancent ; de même que les discussions avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), ré-autorisée à visiter les sites sensibles iraniens. L’avancement de ces négociations ainsi que le réchauffement spectaculaire des relations avec les Etats-Unis ont été également largement médiatisés - à l’image du coup de téléphone historique passé entre le président iranien et son homologue américain en septembre 2013 - salué comme un moment majeur dans les relations internationales. L’embellie n’a été que très légèrement perturbée par la nomination du nouvel ambassadeur de la République islamique à l’ONU, Hamid Aboutalebi, soupçonné d’avoir joué un rôle dans la prise d’otage des Américains en 1979.

Cette conjoncture diplomatique a suffi à la communauté internationale pour accorder un satisfecit d’ensemble tacite au président iranien, à la veille du premier anniversaire de son élection et décider d’une nouvelle levée partielle des sanctions qui frappent l’Iran. Même la crise syrienne n’a pas réussi à entamer durablement ce retour en grâce de l’Iran dans le concert des nations, en dépit de son soutien affiché au régime de Bashar el-Assad. La communauté internationale a également fermé les yeux sur la situation des droits humains en Iran, un Etat qui est loin de refléter l’image de tolérance affichée par son présiden