La prise en otages mercredi à Mossoul par l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) de 80 ressortissants turcs, dont des familles avec enfants, des militaires et le consul général, Ozturk Yilmaz, a relancé les polémiques sur les liens présumés entre le gouvernement islamo-conservateur turc et ces groupes - l'EIIL et le Front al-Nusra - qui n'ont été inscrits par Ankara sur la liste des organisations terroristes qu'au début du mois. «Les faiblesses en matière de renseignement sont tout aussi criantes que l'échec de la stratégie suivie par le Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, qui aujourd'hui se trouve dans l'impuissance après avoir répété pendant des années que la Turquie était la nouvelle puissance régionale», souligne Soli Ozel, spécialiste de politique internationale.
Le vice-Premier ministre, Bülent Arinç, clame que le gouvernement n'a jamais «délibérément» envoyé d'armes, de combattants ou de soutiens financiers aux groupes radicaux. Mais ce mot sonne comme un demi-aveu.
Les autorités d'Ankara ont joué aux apprentis sorciers en fermant les yeux sur les activités des groupes jihadistes syriens les plus radicaux le long des 900 kilomètres de frontière, voire en les soutenant. Après avoir appuyé Bachar al-Assad en espérant «qu'il écouterait son peuple», Recep Tayyip Erdogan et son ministre des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, maître d'œuvre d'une diplomatie «néo-ottomane», ont dès juin 2011 pris fait et cause pour la rébellion, parraina