Il y a foule, ce matin, au marché Damien-Boiteux de Gao, dans le nord du Mali. Reconstruit avec l'aide des militaires de la force Serval, la halle porte le nom de ce pilote d'hélicoptère français tué au premier jour de l'intervention au Mali contre les jihadistes, le 11 janvier 2013. A l'intérieur, on trouve de tout : de la viande rouge que les bouchers sont en train de tailler en pièces, de la carpe ou du poisson-chat fraîchement pêchés dans les eaux du fleuve Niger, des mangues, des oignons et de nombreux produits en plastique importés de l'Algérie ou du Niger voisins. Un semblant de normalité. Car au détour d'une allée du marché, un vendeur murmure : «Ça ne va pas à Gao, on a peur…»
Il y a moins d’un mois, les habitants de la principale localité du Nord-Mali ont bien cru revivre le cauchemar du printemps 2012, quand les groupes séparatistes touaregs et jihadistes avaient fait leur entrée dans une ville fantôme. Le 21 mai dernier, quatre jours après les affrontements sanglants qui ont ruiné la visite à Kidal du Premier ministre, Moussa Mara, l’armée malienne lance une offensive pour s’emparer de ce fief historique des séparatistes touaregs. Mais l’assaut se solde rapidement par un revers cuisant. Pris en tenailles par des milices lourdement armées et maîtrisant parfaitement le terrain, les militaires maliens sont laminés. Plusieurs d’entre eux sont tués, une quarantaine faits prisonniers (ils sont toujours détenus à ce jour), tandis que le gros des troupes bat en r