Malgré les immenses difficultés économiques, la polarisation de la vie politique et les défis sécuritaires, la Tunisie continue d’avancer et consolide pas à pas les institutions de la transition démocratique. Après l’adoption saluée d’une constitution aujourd’hui revendiquée par toutes les parties, la Tunisie se dote d’une «Instance vérité et dignité» aux larges compétences, chargée d’investiguer les violations des droits de l’homme commises de 1955 à 2013. L’élection à une très large majorité à sa présidence de Sihem Bensedrine, défenseur infatigable et reconnue des droits humains, est une formidable nouvelle pour sa crédibilité.
Préparée par la société civile, la loi organique qui fonde l’Instance consacre des pouvoirs d’enquête, d’accès aux archives et d’auditions des victimes sans restriction. Elle prévoit également que l’Instance déférera les cas les plus graves devant des chambres spécialisées et organisera un fonds d’indemnisation des victimes.
Les quinze membres à qui échoit l’immense responsabilité de faire la lumière sur les crimes du passé auront à convaincre une population au mieux sceptique sur ce processus encore mal identifié. Réunis la semaine dernière en séminaire pendant trois jours avec les experts internationaux de la justice transitionnelle, les quinze commissaires ont pris connaissance des expériences déjà réalisées dans le monde depuis le processus fondateur sud-africain et ont pu bénéficier de leurs avis et conseils pour la mise en place du processus tu