C’est une victoire que retiendront les livres d’histoire. Autant parce qu’elle engage le destin de tout l’Irak que parce qu’elle est celle d’un groupe d’insurgés, 500 combattants, peut-être 1 000, maximum 2 000, qui s’emparent en une journée d’une ville de 2 millions d’habitants et mettent en déroute les deux divisions de l’armée régulière et une troisième de police qui étaient supposées la défendre. Soit 45 000 soldats et policiers défaits en quelques heures. Abou Aïcha, un policier de 43 ans, n’en est pas encore revenu de voir les drapeaux noirs des rebelles - traversés par la profession de foi musulmane «Il n’y a de divinité que Dieu» - flotter aussi vite sur les édifices publics de Mossoul.
Craignant pour sa vie, il vient d'arriver dans le camp de réfugiés de Qalak, au Kurdistan, où sont déjà accueillies 290 familles. «Les rebelles étaient quelques poignées. Pourtant, l'armée ne s'est pas battue, nous, les policiers, un peu. Mais, très vite, nous avons été encerclés et j'ai dû fuir», raconte-t-il devant la tente du camp des Nations unies, sous un soleil de feu. Sur le sol, pas la moindre touffe d'herbe. Il va devoir vivre ici avec sa femme et ses six enfants.
Cette terrible journée, c'était le 11 juin. «Mais, explique le policier, déjà, les combattants de l'Etat islamique en Irak et au Levant [EIIL, ndlr] et leurs alliés s'étaient introduits en ville depuis deux jours et s'étaient emparés de plusieurs artères, dont l'Avenue 17 de Tamouz, dans