Les rebelles sont tout près mais impossible de savoir où exactement, peut-être à moins de dix kilomètres de Taji, un gros quartier poussiéreux de maisons informes et de boutiques bancales qui - un signe qui ne trompe pas - ferment déjà à midi. Ce qui situerait les insurgés à une trentaine de kilomètres de Bagdad. Ils sont aussi autour de la petite ville d'Abou Ghraib, de sinistre mémoire pour son abominable prison du temps de Saddam Hussein et que les Américains ont repris ensuite. A preuve, le gouvernement de Nouri al-Maliki a fait évacuer les prisonniers. Impossible d'ailleurs d'atteindre Abou Ghraib, le dernier point de contrôle de l'armée sur la route ne laisse passer que les conducteurs ayant un permis spécial. «Rampez vers Bagdad», avait ordonné à ses hommes le chef de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), il y a plusieurs semaines. Son appel n'avait guère été pris au sérieux. La chute de Mossoul a bouleversé la donne. Commence à s'imposer l'impression qu'une armée souterraine, noire comme ses drapeaux, rampe vers la capitale.
«On s'enfuira». Sur la route d'Abou Ghraib, avant les derniers barrages, se dresse une annexe de l'université de Bagdad, dont les jardins ont besoin d'un coup de peigne. Elle accueille 700 étudiants. «On entend les combats de temps en temps, le matin ou l'après-midi. En général, des tirs de kalachnikov. La dernière fois ? La semaine dernière, pas plus de cinq minutes», indique Moustap