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Analyse

L’alliance contre-nature des ennemis d’hier

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Des islamistes de l’EIIL aux anciens fidèles de Saddam Hussein, l’alliance sunnite qui avance sur Bagdad agrège provisoirement des réseaux hétéroclites et rivaux.
publié le 24 juin 2014 à 20h06

C’est une alliance qu’on pourrait croire contre-nature tant elle heurte le sens commun. Elle réunit les islamistes aux anciens partisans de Saddam Hussein, officiers de l’armée, des services de renseignement ou dignitaires baasistes. Cette alliance est pourtant la clé de voûte de la progression fulgurante de la rébellion sunnite qui, depuis le 6 juin, date du début de l’offensive, s’est emparée non seulement de Mossoul, la seconde ville du pays, mais de la plus grande partie du pays sunnite et s’approche à présent de la périphérie de Bagdad.

En principe, les salafistes de l’Etat islamique en Irak et au Levant, le Daech, selon son anagramme arabe, n’ont rien à partager avec les partisans du défunt raïs. Les premiers, qui n’avaient pas encore constitué le Daech, ont été traqués, embastillés, tués par les sbires de Saddam Lorsque les palais du raïs furent pillés, à la chute de Bagdad, en avril 2003, on y trouva des centaines de bouteilles alors que l’Irak était supposé être devenu un pays «sec».

Elucubrations. L'invasion américaine va complètement bouleverser la donne. Les futurs créateurs de l'Etat islamique vont se retrouver ensemble dans les prisons avec leurs tortionnaires de naguère. Sunnites, les uns et les autres, ont désormais deux ennemis communs : les Américains et les chiites que Washington a favorisés parce qu'ils étaient majoritaires dans le pays et peu enclins de sympathie avec l'ancien régime. En réalité, après l'invasion du Ko