Des jihadistes au volant de blindés américains qui attaquent des villages syriens. La scène était inimaginable il y a seulement un mois. Elle s’est déroulée dimanche lorsque des combattants de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) ont lancé l’assaut sur Eksar et Maalal, deux bourgades du nord de la Syrie proches d’Azzaz jusque-là contrôlées par des rebelles. Ils ne conduisaient pas leurs traditionnels pick-up, mais des Humvees, ces véhicules blindés fournis par les Etats-Unis à l’armée irakienne.
Cette attaque, victorieuse, n’aurait pas été possible si l’EIIL n’avait pas lancé le 9 juin une autre offensive, dans le nord de l’Irak celle-là. En deux semaines, le groupe en a conquis de larges parts, dont Mossoul, la deuxième ville du pays, et Tikrit. Et a gagné des points de passage avec la Syrie, détruisant au bulldozer les murs de sable marquant la frontière - que l’EIIL ne reconnaît pas - entre les deux pays. Les rebelles syriens espéraient que cette cavalcade irakienne affaiblirait le groupe sur son autre champ de bataille, la Syrie où il s’est déployé en 2013. C’est l’inverse qui se produit.
Défections. «L'EIIL a toujours affirmé qu'il disposait de deux "armées", l'une en Syrie, l'autre en Irak. Cela lui permet de jouer sur les deux pays. Il ramène désormais en Syrie des armes lourdes et des blindés pris à l'armée irakienne, comme il a utilisé des missiles sol-air récupérés en Syrie pour attaquer des bases militaires en Irak»,