Ils ne sont pas très nombreux, mais savent très clairement ce qu'ils ne veulent pas. Des dizaines de drapeaux rouges sont agités devant le ministère de l'Agriculture par des manifestants irrités. Sympathisants des Partis socialiste ou communiste moldaves, ils hurlent contre l'accord d'association que la Moldavie s'apprête à signer avec l'Union européenne lors du sommet de jeudi et vendredi. «L'Europe tuera notre agriculture, lance un homme d'une cinquantaine d'années, nous n'aurons plus le droit de fabriquer notre vin, de produire nos pommes, nous allons devenir une colonie occidentale !» Même son de cloche chez sa voisine, une femme forte du même âge, qui s'exprime, elle, en russe : «L'Europe, c'est Conchita Wurst [la gagnante transsexuelle de l'Eurovision 2014, ndlr]. Ils vont nous forcer à renoncer à notre religion, la vie sera trop chère, nous allons avoir une guerre avec la Russie !» La Russie est d'ailleurs omniprésente dans toutes les discussions à Chisinau, la capitale de la république de Moldavie, tout comme l'Ukraine, l'Europe, l'Otan ou les Etats-Unis. «Nous avons tous une fibre de géopoliticiens», lance un vendeur de journaux, dans le parc central de cette ville verdoyante. La presse locale, avec des titres en roumain et en russe, est le reflet d'une société divisée. Selon un récent sondage, si un tiers de Moldaves veulent adhérer à l'UE, ils restent 22% à souhaiter un rapprochement avec l'union douanière proposée par la Russie
Reportage
En Moldavie, le choix explosif de l’Europe
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Un drapeau moldave flotte dans la capitale Chisinau, le 20 mars. (Photo Daniel Mihailescu. AFP)
par Luca Niculescu
publié le 25 juin 2014 à 19h56
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