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Libération
Récit

Les féministes chinoises donnent de la voix

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L'annulation de la condamnation à mort d'une femme battue qui avait tué son mari est une victoire pour ces militantes peu nombreuses mais mobilisées.
Manifestation en avril 2014 sur un campus de Canton. Sur la pancarte il est écrit «Ôtez vos lunettes teintées (par vos préjugés sexuels) et respectez les femmes». (Photo DR.)
publié le 26 juin 2014 à 11h19
(mis à jour le 26 juin 2014 à 11h19)

Les féministes chinoises ont remporté une victoire assez inattendue cette semaine. La cour suprême chinoise a annoncé, lundi, qu’elle cassait la condamnation à mort prononcée en 2011 contre Li Yan, une femme battue qui a assassiné son mari. Le cas de Li Yan, 43 ans, était devenu emblématique du problème de la violence conjugale en Chine, qui touche une femme sur quatre selon les statistiques officielles. Durant de longues années, Li Yan avait subi les sévices de son mari qui la frappait fréquemment, lui écrasait des cigarettes sur le corps et la laissait parfois toute une nuit sur un balcon en plein hiver. Les circonstances du meurtre de son mari furent toutefois d’une rare cruauté, puisque Li Yan découpa son cadavre en morceaux et fit bouillir certaines parties de son corps, apparemment dans l’intention de le faire disparaître.

Plusieurs associations féministes, dont le Réseau anti violence conjugale (RAVC) se mobilisèrent sur son cas, arguant du fait que le tribunal de Zhiyang (province du Sichuan), qui jugea Li Yan en 2011, n'avait pas assez pris en compte certaines circonstances atténuantes, en particulier les mauvais traitements infligés par son mari. Son geste désespéré est, selon le RAVC, imputable au «syndrome de la femme battue». Des militantes féministes organisèrent plusieurs sit-in devant le tribunal de Zhiyang avec des banderoles portant le slogan «je ne veux pas devenir la prochaine Li Yan». Li Yan devrait désormais être rejugée, mais la date d