Menu
Libération
Reportage

A Sarajevo, les plaies de la Grande Guerre ravivées par le centenaire

Article réservé aux abonnés
Héros ou terroriste, l’assassin de François-Ferdinand divise toujours l’ex-Yougoslavie, alors que la Bosnie accueille une série de commémorations.
par Marc Semo et Laurent ROUY, à Belgrade
publié le 27 juin 2014 à 19h16

Tout a commencé là, le 28 juin 1914, à l’angle du vieux pont ottoman, appelé le pont Latin, et du quai bordant la Miljacka, au centre de la capitale bosnienne. L’archiduc François-Ferdinand et sa femme Sophie sont tués par un jeune nationaliste serbe : Gavrilo Princip. Deux coups de feu qui seront les premiers du grand carnage.

La guerre mondiale commence un mois plus tard, par l'engrenage des alliances et des ultimatums, alors que Vienne veut punir la Serbie, qu'elle accuse d'avoir organisé l'assassinat de l'héritier présomptif du trône des Habsbourg. Rien de plus logique, donc, que de lancer à Sarajevo les commémorations d'une guerre qui fit plus de 9 millions de morts, entérina le suicide de l'Europe, et fut le creuset de toutes les autres tragédies du XXe siècle, jusqu'au siège de la ville par les forces serbes entre 1992 et 1995. Mais les choses se sont avérées beaucoup plus compliquées que prévu par la Mission du centenaire, qui lança l'idée dès 2011.

Un siècle plus tard en effet, l'attentat divise toujours la Bosnie-Herzégovine indépendante, très fragile confédération de trois peuples. Pour les Bosniaques (Slaves islamisés à l'époque ottomane) et les Croates, Gavrilo Princip - qui échappa à la peine de mort parce que mineur (20 ans), mais mourut en prison de tuberculose -, est un «terroriste». Pour les Serbes, il reste un héros du combat pour la liberté des Slaves du Sud, opprimés par l'Autriche-Hongrie.

Bibliothèque.