Menu
Libération
Interview

«Les tueurs de masse se fondent parfaitement dans la société»

Article réservé aux abonnés
Ancienne «profiler» au FBI, Mary Ellen O’Toole montre comment les Américains tentent de prévenir le passage à l’acte de criminels souvent tout à fait normaux en apparence.
Armes et munitions utilisées lors de la tuerie du lycée de Columbine, 1999. (Photo : MARK LEFFINGWELL.Getty Images)
publié le 27 juin 2014 à 18h06

Les criminels les plus dangereux sont parfois ces voisins qui ont l'air les plus anodins et inoffensifs, met en garde Mary Ellen O'Toole, ancienne «profiler» du FBI, spécialiste des tueurs en série et autres psychopathes. Dans un petit livre publié en 2012 aux Etats-Unis, Dangerous Instincts, cette analyste a partagé son expérience pour détecter et prévenir les situations à risques. Retraitée du FBI depuis 2009, elle continue d'enseigner à l'Académie de la police fédérale américaine et intervient aussi régulièrement comme consultante pour tous les grands médias américains, en particulier lors des fusillades de masse, qui se suivent sans relâche.

Au-delà des plus graves tueries, comme celle de Santa Barbara en Californie qui a fait 7 morts en mai, plus d’une centaine de fusillades de masse (1) ont déjà été dénombrées cette année. Pourquoi y en a-t-il autant ?

Il peut y avoir un effet d’entraînement. Une tuerie en inspire parfois une autre. Mais l’accès aux armes à feu est sans doute aussi un facteur. Si les gens qui ont des pensées homicidaires ou suicidaires ne pouvaient pas se procurer aussi aisément des armes automatiques et des munitions, ils n’auraient pas les moyens de passer à l’acte si facilement, et ne feraient pas autant de victimes.

Vous rappelez dans votre livre le précédent de Bath (Maine), où un homme avait tué 45 personnes à l’aide d’explosifs en 1927. Le phénomène n’est donc pas vraiment nouveau ?

Le cas de Bath était tout de même très exceptionnel pour son époque, et il a été largement oublié. Pendant des années, on n'avait plus rien vu de tel, jusqu'au 1er août 1966 et la tuerie de l'université du Texas, à Austin, commise par un étudiant, Charles Whitman. J'ai beaucoup travaillé sur ce cas : les témoins m'ont raconté comment cet étudiant qui semblait parfaitement intégré est soudain monté en haut de la tour de l'université