Vue du dixième étage d’un immeuble du quartier de Victoria Island, Lagos, mégalopole de 20 millions d’habitants, a presque l’air d’une ville normale. Calme. Loin de l’insurrection de la secte islamiste de Boko Haram qui terrorise le nord du pays. Loin du chaos des quartiers populaires. On se laisserait même bercer par la vue majestueuse et le ronronnement de l’air conditionné si Gabi Massoud ne nous invitait à le rejoindre dans son bureau de Nigeria Limited ITB. D’origine libanaise, le directeur général de cette grande entreprise de construction s’est installé dans la capitale économique du Nigeria il y a près de quinze ans. Il a le discours franc et le sourire de ceux qui n’ont plus rien à prouver.
«Les Lagotiens sont très optimistes, bosseurs, et ce sont de grands rêveurs. C’est ce qui les sauve»,
confie-t-il.
Derrière la baie vitrée, tous les rêves sont possibles. Les taxis jaunes et les 4 × 4 rutilants traversent les rues inondées par les pluies saisonnières, des grues finissent de construire de nouveaux immeubles. A l’horizon, sur une gigantesque étendue de sable de 1 000 hectares, des tractopelles s’activent comme des fourmis. Gabi Massoud planche sur Eko Atlantic, le nouvel eldorado de l’architecture en Afrique. Cette ville nouvelle, qui sera le prolongement du centre d’affaires de Lagos, accueillera dans les prochaines années 250 000 résidents et 150 000 bureaux, des hôtels de luxe, une marina, un immense centre commercial avec les plus grandes marques mondial