Etgar Keret,
[ écrivain israélien traduit dans le monde entier ]
(1) et cinéaste, incarne la jeune relève des grandes consciences d’Israël, Amos Oz, David Grossman, A.B. Yehoshua, qui se battent depuis des décennies pour la paix entre Israéliens et Palestiniens. Il réagit à
[ la mort des trois jeunes Israéliens ]
de 16 et 19 ans disparus le 12 juin et retrouvés sans vie lundi aux environs de la localité de Halhoul, près de la route où ils ont été vus pour la dernière fois, faisant de l’auto-stop. Le gouvernement accuse le Hamas.
Comment avez-vous réagi à la nouvelle de la mort des trois jeunes israéliens kidnappés le 12 juin?
Ce qui est déprimant c’est qu’on croit toujours être préparés à des mauvaises nouvelles mais en réalité on n’est jamais prêt. Etrangement ce drame conforte chacun des camps en Israël dans ses positions. Moi qui suis de gauche je me retrouve à dire, comme les gens de droite, «nous avions raison». Nous les gens de gauche parce que c’est la preuve de ce qu’on dit sans cesse, qu’il faut à tout prix arriver à faire la paix avec les Palestiniens. Et eux, les gens de droite affirment que c’est la preuve de ce qu’ils pensent : on ne pourra jamais faire la paix avec les Palestiniens.
On vit les mêmes cycles répétitifs. Pendant un temps il ne se passe rien et tout le monde dit : «Tout va bien, quel est le problème ?» Jusqu’à ce qu’il se passe quelque chose. Quand on parle de l’avenir au gouvernement, il n’a jamais la moindre stratégie, il ne prend jamais la moindre initiative. Il attend la prochaine catastrophe et ensuite frappe en représailles. Le modèle se répète. Il semble que personne ne veuille tirer les leçons pour sortir du cycle catastrophe-repré