Le processus de désintégration de l’Irak, à l’œuvre depuis la guerre du Golfe de 1991, vient de franchir une étape critique avec l’émergence d’une entité arabe sunnite : Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL). Inscrite depuis longtemps dans les esprits, la partition de l’Irak entre ses trois communautés constitutives (sunnites, chiites et kurdes) se concrétise dans les faits.
Les Kurdes ont déjà leur propre gouvernement, leur Parlement, leurs forces armées (Peshmerga) et leur police. Les événements récents ont conduit les autorités kurdes à étendre leur contrôle à l’ensemble des territoires peuplés de Kurdes, y compris l’emblématique province pétrolière de Kirkouk et des villes chrétiennes de la plaine de Mossoul. Le Kurdistan est donc devenu un Etat quasi indépendant, économiquement viable, politiquement stable et pro-occidental. L’arabe y est devenu une langue étrangère moins pratiquée que l’anglais !
Les Arabes chiites, marginalisés et persécutés sous la dictature de Saddam Hussein, ont pu, pour la première fois, accéder au pouvoir grâce à la démocratie instaurée après l’intervention américaine de 2003. Majoritaires dans la population irakienne, ils gèrent leurs affaires dans les provinces du sud, riches en pétrole et pacifiées, et contrôlent aussi le gouvernement central de Bagdad. Vainqueurs après des siècles de domination, ils auraient pu faire un usage modéré de leur victoire et partager le pouvoir avec les représentants des communautés sunnite et kurde. Partage d’a