Dans la chaleur étouffante du début d’été, des dizaines de grands-pères se reposent à l’ombre des pins du parc de Jongmyo, dans le centre historique de Séoul. Certains dorment allongés sur du papier journal, d’autres enchaînent les parties de jeu de go. Non loin de là, dans une ruelle adjacente, des vieilles dames sont assises sur le trottoir.
L'une, cheveux permanentés et visière sur la tête, agite un éventail. L'autre fume, fait rare chez une Coréenne, qui plus est âgée. En Corée, on les appelle les «Bacchus ladies», du nom d'une célèbre boisson énergisante locale qu'elles revendent en petites bouteilles dans la rue. Mais ce n'est pas la seule chose qu'elles monnayent.
Sanctuaire. Dans leur sac à main rectangulaire, la plupart d'entre elles transportent aussi des pilules et des seringues de Viagra contrefait. A 50, 60 voire 70 ans, ces femmes se prostituent pour une quinzaine d'euros, parfois moins. «Les prix varient selon l'âge, l'apparence physique et la prestation. Cela va d'attouchements divers à l'acte complet», raconte Lee Hosun, professeure d'université à Séoul et auteure d'une étude sur le sujet. Cette dernière estime à 400 le nombre de Bacchus ladies dans le seul arrondissement de Jongno. Si certaines choisissent encore les motels du quartier, de plus en plus se rendent à Cheonan, dans la banlieue de Séoul. Là-bas, les chambres peuvent se louer à l'heure pour quelques euros. En métro, transport gratuit pour les