Face au refus des républicains de voter pour les réformes de son gouvernement, en particulier celle de l’immigration, Barack Obama a annoncé lundi sa volonté de légiférer par décret présidentiel. Le président républicain de la Chambre des représentants, John Boehner, a contre-attaqué en annonçant une procédure judiciaire contre Obama pour abus de pouvoir. L’analyse de Marie Brunerie, spécialiste des Etats-Unis, auteur de Menaces sur Obama : l’Amérique conservatrice à la conquête de la Maison Blanche (Robert Laffont, 2012).
Pourquoi Barack Obama a-t-il choisi de légiférer par décrets sur certains dossiers?
Ce n’est pas spécialement nouveau. Il avait déjà annoncé sa volonté de légiférer par décrets présidentiels lors de son discours sur l’état de l’Union, en janvier dernier, afin de faire progresser les dossiers bloqués par les républicains. Le point de départ du blocage fut la décision de Barack Obama d’augmenter le salaire des employés sous contrat avec l’Etat. Cela a déclenché les foudres des républicains qui ont durci de manière extrême leurs positions. Face au blocage récurrent causé par l’obstruction systématique des républicains, le président américain se trouve dans une situation où il doit passer outre le Congrès. Pour la réforme de l’immigration, on retombe typiquement sur cette situation de blocage: une majorité de républicains y est opposée.
Les accusations «d’abus de pouvoir» formulées par les républicains ces derniers jours sont-elles fondées ?
L'executive order, qui correspond en France au décret présidentiel, n'est certes pas inscrit dans la Constitution américaine mais il n'est pas anticonstitutionnel pour autant. Tous les présidents américains en ont fait usage. Georges Bush l'avait utilisé pour la prison de Guantanamo et, dans les années soixante, Lyndon B. Johnson et John Fitzgerad Kennedy s'en sont servis pendant la ségrégation pour faire évoluer les droits civiques des Noirs américains employés par l'Etat. Que Barack Obama fasse l'objet de vives critiques est logique et cela est de bonne guerre mais il se trouve dans une situation très particulière où ses adversaires n'ont de cesse de le présenter comme un président autocratique depuis son élection en 2