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Reportage

A Maiduguri, cernée par Boko Haram, la survie en zoo tempéré

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Boko Haram, massacre à huis-closdossier
Le zoo de Maiduguri, au Nigeria, en juin. (Sophie Bouillon pour Libération)
publié le 6 juillet 2014 à 19h46

La hyène du zoo de Maiduguri a perdu la tête. Elle tourne en rond dans sa cage minuscule sur un rythme de métronome, les yeux hagards. «Bel animal, n'est-ce pas ? interpelle un badaud. Vous êtes touriste ?» Il n'y a aucune chance de venir se perdre dans cette ville du nord-est du Nigeria, capitale de l'Etat de Borno encerclée par les terroristes de Boko Haram, où kidnappings et attentats sont fréquents. Mais dans ce parc, on fait comme si la vie n'avait pas changé. Avant, on y venait pour des pique-niques en famille. Maintenant, on vient y goûter un peu de liberté, au péril de sa vie.

Les quelques visiteurs du week-end se promènent sous les arbres, comme s’ils ne voyaient pas la désolation qui s’offre à leurs yeux : les éléphants assoiffés, les serpents enroulés dans les déchets, le singe immobile. Sur les bancs, des couples sont assis côte à côte, en silence. Les femmes ont dessiné quelques traits de maquillage sous leur long hijab. Ce sont des prostituées avec leur client. Des jeunes partagent une bouteille de Coca, à l’abri de la fosse aux lions. Ils y ont versé du whisky. Des scènes surréalistes à Maiduguri, où l’on pratique la charia.

Ce parc fut le premier zoo à voir le jour dans le Nigeria indépendant, en 1970. Maiduguri était encore la riche capitale de l'ancien empire du Bornou, carrefour commercial entre le Sahel et l'Afrique centrale. «Avec le chemin de fer construit dès 1964, le zoo était sans doute un élément de prestige pour Maiduguri, alors