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Interview

«Il n’y a plus aucun espoir pour les uns et les autres»

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Le politologue Ilan Greilsammer estime que le «pourrissement» était prévisible :
publié le 6 juillet 2014 à 19h56

Ilan Greilsammer, professeur de sciences politiques à l'université Bar Ilan de Tel-Aviv, est l'auteur, entre autres, de la Nouvelle Histoire d'Israël (Gallimard), et de Religion et Etat en Israël (Editions du Cerf).

Etes-vous surpris par l’assassinat de trois jeunes Israéliens, suivi de celui d’un jeune Palestinien ?

Surpris ? Non. Je crois que le terme le plus adapté est celui de «pourrissement» parce c’est véritablement ce qui se produit sur le terrain. La continuation de l’occupation et de la colonisation des territoires occupés, les roquettes lancées sans cesse de Gaza sur les villes du sud d’Israël ainsi que la montée des forces extrémistes et fanatiques dans le camp israélien et dans le camp palestinien, décrivent ce pourrissement. Les événements étaient largement prévisibles après les échecs des négociations de paix : il n’y a plus aucun espoir, aucune perspective de paix pour les uns et les autres.

Là, il s’agit de barbarie…

La barbarie survient quand le pourrissement de la situation atteint un point tel que les gens se sentent autorisés de faire ce qui se leur passe par la tête : ce qui est aujourd’hui est le cas. Des réseaux de juifs extrémistes comme Tag Mehir («le prix à payer») qui disent «le prix à payer quand vous attaquez les juifs», des fascistes qui attaquent les Arabes mais n’avaient pas encore tué, auraient dû être arrêtés et mis en prison depuis longtemps. Beaucoup d’Israéliens trouvent scandaleux que la po