L’espoir et le découragement. Pendant des années, nous avons été ballottés de l’un à l’autre. Aujourd’hui, la majorité des Israéliens et des Palestiniens semblent plongés dans un état de conscience cotonneux, plat et dénué de perspective. Au fond d’un sommeil épais ou d’un coma volontaire.
Pour Israël, habitué aux déceptions, désormais, l’espoir (si tant est que quiconque évoque ce mot) est toujours hésitant, un rien honteux, s’excusant par avance. Le découragement, en revanche, est résolu, péremptoire, comme s’il s’exprimait au nom d’une loi naturelle, ou un postulat affirmant qu’entre ces deux peuples la paix ne s’établira jamais et que la guerre entre eux procède d’un décret divin. Aux yeux du découragement, quiconque espère encore, qui croit encore en la possibilité de la paix, est - au mieux - un naïf ou un esprit chimérique prisonnier de ses fantasmes et, au pire, un traître qui sape la capacité de résistance d’Israël en ce sens qu’il l’incite à se laisser séduire par ses rêveries.
En ce sens, la droite israélienne a gagné. La droite, dont c’est la vision du monde - et certainement au cours des dernières décennies -, a réussi à l’inculquer à la majorité des Israéliens. En outre, la droite n’a pas seulement vaincu la gauche. Elle a vaincu Israël. Et pas seulement parce que cette vision du monde pessimiste conduit l’Etat d’Israël à la paralysie dans le domaine le plus vital pour lui, domaine où sont exigées audace, souplesse et créativité, la droite a vaincu Israël en cela