C’est une double guerre que conduit Abou Bakr al-Baghdadi : une guerre régionale en Irak et en Syrie pour instaurer un califat à cheval sur ses deux pays, qui aurait Bagdad pour capitale et vocation à s’étendre à toute la région, et une guerre transnationale contre l’organisation rivale Al-Qaeda dans le but de lui voler le leadership de la croisade islamique mondiale. Une semaine après avoir été désigné calife (successeur de Mahomet) par son groupe, l’Etat islamique (EI), Abou Bakr al-Baghdadi continue donc à la fois d’encercler Bagdad et d’en appeler aux musulmans du monde entier pour qu’ils le rejoignent et le reconnaissent comme leur Amir al-Muminim, «le commandeur des croyants».
Cette prétention à la direction du jihad mondial lui a valu de commettre sinon sa première erreur, du moins une imprudence : lui, dont on ne savait quasiment rien, même pas le lieu où il se cachait, et qui pratiquait l’art du secret comme nul autre jihadiste - à l’inverse d’un Ben Laden qui aimait discourir tant et plus devant une caméra - s’est montré samedi dans une vidéo mise en ligne. Ce changement de stratégie totalement inattendu a une explication : le défi lancé par le nouveau calife à Al-Qaeda central et son chef, le laborieux égyptien Ayman al-Zawahiri.
«L'émir des croyants». C'est pour emporter l'adhésion du plus grand nombre qu'il est sorti de l'ombre. Il a ainsi témoigné qu'il n'était pas qu'un chef de guerre mais aussi un alim (docteur en