On l'appelle «Moshé le Turc» parce que ses parents sont originaires d'Istanbul. Dans le Shouk HaCarmel, le principal marché à ciel ouvert de Tel-Aviv, c'est le roi des tchatcheurs. Sa faconde plaît aux touristes qui demandent souvent à se faire photographier au milieu des fruits de saison. Du moins, lorsqu'ils viennent. Parce que ces derniers jours, les centaines de visiteurs étrangers qui arpentaient quotidiennement les allées crasseuses de ce lieu central de la «Ville blanche» se sont évaporés. «Personne ne vient plus acheter, lâche le vendeur en lorgnant son tas de litchis et de figues fraîches. Je n'ai jamais connu une situation pareille, à part en 1991, lorsque Saddam Hussein faisait lancer des missiles Scud sur Israël.» Et de poursuivre : «Même les habitués, les gens d'ici qu'on connaît par leur prénom, font faux bond. Ils ont la trouille de sortir dans la rue.» Parce qu'il n'existe pas d'abris publics dans les environs, et que la moindre explosion provoquerait l'effondrement de ces bâtisses lépreuses, dans un quartier où les murs ne tiennent plus que par habitude.
Au-delà du marché, c’est l’ensemble de Tel-Aviv et du Gush Dan - la région centrale de l’Etat hébreu et son poumon économique - qui souffre des retombées de cette étrange guerre. Certes, sur les 770 roquettes tirées par le Hamas et par le Jihad islamique, moins d’une vingtaine ont atteint leur cible mais leur impact est énorme car, en raison des alertes, rien ne fonctionne normaleme