Malgré ses imperfections, l'intervention militaire française a permis d'éviter des massacres à grande échelle en Centrafrique : tel est le discours officiel à Paris face aux critiques concernant l'opération «Sangaris». Une chose est sûre : celle-ci n'a cependant pas permis d'enrayer la campagne de terreur et d'exactions contre la minorité musulmane, provoquant son exode massif. Pour la première fois depuis le début du conflit, une étude systématique, menée par Médecins sans frontières (MSF) et dont Libération a pu prendre connaissance, donne l'ampleur de ce désastre. Sur le seul échantillon de 3 449 familles (représentant un total de 32 768 personnes) interrogées au Tchad où elles se sont réfugiées entre décembre et avril, 2 599 personnes sont décédées. Soit 8%. Un tiers des familles ont perdu au moins un membre, et plus du quart deux parents. Dans l'écrasante majorité des cas (plus de 95%), la violence est à l'origine de ces décès.
Le rapport de Médecins sans Frontières
Depuis des mois, les milices anti-balaka, présentées abusivement comme chrétiennes, attaquent systématiquement les musulmans de Centrafrique, assimilés collectivement aux rebelles de la Séléka, qui ont détenu le pouvoir à Bangui durant près d'un an. Les exactions avaient certes commencé avant l'intervention française mais, pour MSF, l'opération Sangaris n'a rien arrangé : «Le déploiement des forces françaises, le 5 décembre