Haïm Korsia, nouveau grand rabbin de France, insiste toujours sur la place de la communauté juive dans une France républicaine. Pour la première fois depuis les incidents à Paris, dimanche, autour de deux synagogues, impliquant des manifestants propalestiniens, il revient sur ces événements.
Vous avez été surpris par la violence ?
Oui, et dans notre société on ne peut tolérer qu’une partie de la population soit ainsi attaquée. Il a été très traumatisant de devoir être enfermé dans une synagogue, rue de la Roquette, pour ne pas être soumis à la vindicte d’une foule complètement hystérique et dangereuse. Un ancien, de 90 ans, m’a confié, les larmes aux yeux, que cela lui rappelait la Nuit de cristal… Une fois de plus, ce sont les Juifs qui sont l’objet d’une haine profonde, mais ne soyons pas dupes du prétexte géopolitique : l’antisionisme a les mêmes habits que l’antisémitisme. Ce sont les mêmes mots de haine qu’on a entendus dans la manifestation, des slogans inqualifiables. Je crois qu’il faut oser dire les choses, sinon c’est l’ensemble du système qui constitue la société française qui s’écroule. C’est une haine de la France, une haine du vivre-ensemble.
On n’ose pas dire ?
Qu'il y a une haine des Juifs en France. Tant qu'on n'accepte pas de le dire, alors on est dans une idée léthargique de la société, «tout va bien, ça pourrait aller mieux…» Mais, si on fait le diagnostic, alors on peut mettre en route des mesures de formation de la jeunesse, un contrôle sur les réseaux sociaux et les satellites qui diffusent la haine. Dan