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reportage

A Duékoué, l’impunité des pro-Ouattara

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Les fidèles du président ivoirien n’ont jamais été jugés pour leurs crimes, commis lors de la crise qui a secoué le pays entre 2011 et 2012.
Les forces armées pro-Ouattara, à Duékoué, le 29 mars 2011, au lendemain de la ville qui a fait près d'un millier de morts. Une partie de la population a dû fuir la localité voisine de Nahibly. (Photo Zoom Dosso. AFP)
publié le 16 juillet 2014 à 20h06

Qu'est devenu le corps d'Amédé ? Il y a deux ans, il a été envoyé à Abidjan «pour autopsie». Depuis, son frère Julien n'a plus jamais eu aucune nouvelle. «C'est long, deux ans, pour une autopsie», note d'un air maussade cet homme trapu et musclé, assis sous un manguier, à 500 km à l'ouest de la capitale économique ivoirienne. D'un geste, il désigne les bâtisses en briques grises qui l'entourent, recouvertes de nouveaux toits en tôle : «Nos maisons ont été décoiffées ! Ici, pendant la crise [2011-2012, ndlr], tout a été détruit.» Amédé, le frère de Julien, est l'une des victimes des derniers soubresauts de cette crise sanglante.

Le 20 juillet 2012, lors de l'attaque d'un camp de déplacés, ce père de famille de 39 ans a été emmené par des hommes en armes, puis fusillé avant d'être jeté dans un puits abandonné. Lequel ne sera découvert, par hasard, que deux mois plus tard. On y retrouvera cinq autres cadavres, tous envoyés «pour autopsie» à Abidjan.

Après une période particulièrement sanglante, la Côte-d’Ivoire est désormais en paix. En accueillant pour la première fois, ce jeudi, François Hollande, le président Alassane Ouattara pourra légitimement se targuer d’avoir remis le pays au travail et rétabli la sécurité après dix ans de guerre civile.

«Verrou». Reste un sujet sensible : l'impunité dont continuent à bénéficier les forces fidèles à Ouattara qui ont conquis le pouvoir les armes à la main en 2011. Ju