Radjaa Abou Dagga a travaillé pour Libération quand Jean-Luc Allouche était notre correspondant à Jérusalem, de décembre 2002 à février 2006. Résident de la bande de Gaza, il témoigne d'un bombardement israélien opéré samedi.
«Abasan al-Kabira, à l’est de Khan Younès, un bourg de quelques milliers d’habitants. Là, une dizaine de maisons ont été bombardées au cours de l’opération "Bordure protectrice". A chaque fois selon le même mode opératoire. La famille Aboutir - au sens large, comme souvent chez les Palestiniens - y demeure, occupant un immeuble de trois étages divisé en six appartements. L’un est occupé par Ahmed, 31 ans, policier, sa femme, Rahma, et leurs trois enfants. Parmi les autres membres de la famille occupant l’immeuble, Ramadan, 34 ans, commerçant, a quatre enfants. Mohamed, 50 ans, en a huit. Safwat, 48 ans, onze. Adel, 47 ans, six. La mère des cinq frères et sœurs, Oum Ahmed, 73 ans, vit là également. Quarante-trois personnes au total.
«Samedi, vers 1 h 30 du matin, le portable de Rahma sonne. C'est un officier israélien. "Vous avez dix minutes pour évacuer votre maison", lui dit-il. Rahma, à ce moment-là, n'est pas chez elle, mais chez des parents, à près de 500 mètres de l'immeuble. Elle demande à l'officier de lui donner un peu de temps. "Non, insiste-t-il, vous devez d'abord transmettre mon message."
«Technique courante pour dire aux populations de fuir afin qu'elles ne soient pas les victimes collatérales de frappes ciblées. Par