Dix-neuf ans après le dernier grand massacre commis en Europe, un tribunal néerlandais a jugé que les Pays-Bas étaient, en tant qu’Etat, civilement responsables de la mort de 300 des 8 000 victimes de Srebrenica, cette enclave musulmane de Bosnie orientale encerclée, affamée, puis détruite par les forces serbes de Bosnie après trois ans de combats.
En cette mi-juillet 1995, alors que les bombardements redoublent d’intensité contre la bourgade, située à quelques dizaines de kilomètres de la frontière entre la Bosnie et la Serbie, en plein territoire contrôlé par les forces du général Ratko Mladic, une partie de sa population part à pied vers le village de Potocari, où est basé le contingent néerlandais de l’ONU, le Dutchbat. La mission de ce bataillon fort de 400 soldats dirigés par le lieutenant-colonel Thomas Karremans est de protéger l’enclave, déclarée zone de sécurité par l’ONU, où s’entassent environ 60 000 personnes (habitants et réfugiés, tous musulmans).
Parmi les milliers de personnes qui se réfugient à Potocari se trouve une majorité de femmes, d’enfants, et de vieillards. Quelques centaines seulement arrivent à pénétrer à l’intérieur de la base néerlandaise, située dans une ancienne usine. Des milliers d’autres s’installent sur un terrain vague situé en face du camp onusien. Les autres, surtout des hommes, les plus jeunes et les plus aguerris, décident de rejoindre Tuzla, la grande ville bosniaque la plus proche, à pied, à travers bois et monts. Le 13