Elle a longtemps été la sainte matrone de Zamora, petite ville du centre du Mexique. Rosa Verduzco, dite «Mama Rosa», adoptait tous les enfants pauvres, leur donnait son nom, leur offrait un toit, une éducation. C'était sa «Grande Famille», le nom de l'institution qu'elle a fondée au milieu du XXe siècle. Sur ce refuge pour enfants pauvres et adultes désemparés, handicapés ou toxicomanes, elle a bâti sa réputation de bienfaitrice. Mais cette presque octogénaire a vu son empire caritatif s'écrouler lorsque la police fédérale a pris possession des lieux mardi, suite aux plaintes de parents qui l'accusaient peu ou prou de séquestrer leur progéniture.
Soixante ans et des milliers d'enfants plus tard, La Gran Familia abriterait «un catalogue d'abus qui ferait pâlir Charles Dickens», d'après l'édition mexicaine de El País. Si l'écrivain anglais avait vécu en 2014 au Mexique, il aurait été inspiré par cet internat où les rats et les cafards vivaient en liberté, mais pas les enfants, si l'on en croit l'état des lieux dressé par les autorités. Elles parlent du «sauvetage» de 600 personnes dont 458 enfants qui dormaient à même le sol, alimentés avec de la pourriture, esclavagisés, forcés à mendier, abusés sexuellement. L'enquête est ouverte. Verduzco et huit de ses collaborateurs sont interrogés.
Mama Rosa était populaire, surtout auprès des politiciens et intellectuels, séduits par sa générosité sauvage, qui bousculait les conventions. Pour eux, La