La Turquie s'apprête à voter les 10 et 24 août lors d'une élection inédite où le président de la République sera élu au suffrage universel, à travers un scrutin à deux tours, mais vidé de sa substance. La loi électorale prévoit minimum 20 signatures de députés de partis ayant un groupe parlementaire. Par conséquent, les candidats des mouvements politiques et civils hors de l'Assemblée sont écartés. Résultat : seuls trois candidats ont recueilli le nombre de signatures nécessaires. Ainsi, le fameux adage, «au premier tour, on choisit ; au second, on élimine», ne pourra être appliqué que très partiellement.
Il y a aussi le problème des prérogatives du président qui, bien qu’ayant plus de pouvoir qu’un président symbolique, n’est pas le chef de l’exécutif dans ce régime parlementaire. Les tentatives d’adoption d’une nouvelle Constitution, qui ouvrirait la voie à un régime présidentiel ayant échoué, le futur président aura une légitimité électorale mais sans responsabilité qui va avec. Une hybridation expérimentale dont les conséquences politiques sont encore floues.
Le premier candidat est connu depuis longtemps, même s'il ne s'est déclaré en grande pompe que le 1er juillet. Il s'agit de Tayyip Erdogan qui s'auto-qualifie de musulman démocrate, mais qui est, aux yeux d'opposants, de plus en plus musulman et de moins en moins démocrate. La moitié de l'électorat l'adule et lui pardonne tous ses écarts politiques et comportementaux. Son objectif