Pour François Heisbourg, conseiller spécial du président de la Fondation pour la recherche stratégique, il faut «imaginer des aides très concrètes pour l'Ukraine».
L’explosion du Boeing de Malaysia Airlines est-elle un tournant ?
Oui, à la fois politique et psychologique. L’acte de guerre qui a eu lieu oblige le monde - et en premier lieu les Occidentaux - à constater que ce qui se déroule dans l’est de l’Ukraine est bien une guerre, une vraie guerre, avec l’emploi de missiles sol-air puissants, de chars d’assaut et d’artillerie lourde. Les Etats-Unis et l’Union européenne n’ont pas trop envie d’entendre cela car ils seraient obligés d’en tirer toutes les conséquences. Ils auraient préféré oublier l’annexion de la Crimée, sans trop regarder la réalité de ce qui est en train de se passer dans l’est du pays.
C'est aussi un tournant pour Moscou, qui avait choisi de mener ce que d'aucuns ont appelé «une guerre non linéaire», soutenant avec plus ou moins de discrétion les rebelles prorusses. Cette politique a montré sa limite parce que Kiev a réussi à monter une riposte militaire conséquente avec la reprise de Slaviansk, le siège de Lougansk et l'encerclement de Donetsk. Légitimés par les urnes, le nouveau pouvoir ukrainien et son président, Petro Porochenko, sont en train de répondre avec succès à un triple défi sécuritaire, politique et économique. Cela oblige le Kremlin à devoir choisir entre l'escalade ou un échec annoncé, qui serait en premier lieu celui de Vladimir Poutine. Mais continuer l'escalade dans les conditions act