Menu
Libération
EDITORIAL

Pyromane

Article réservé aux abonnés
publié le 18 juillet 2014 à 21h06

Même si tous les indices convergent vers eux, il n’existe pas, pour l’instant, de preuve définitive que l’avion de Malaysia Airlines, qui s’est écrasé jeudi en Ukraine, ait été abattu par des miliciens prorusses. Comment nier, néanmoins, l’accablante responsabilité de Vladimir Poutine dans cette affaire ? Rappelons deux ou trois faits éloquents. Avant le début de la crise politique en Ukraine, la minorité russophone vivait dans une relative tranquillité, sans subir d’oppression ou de discrimination particulière. C’est lorsque le peuple ukrainien s’est tourné vers l’Europe démocratique que les troubles ont commencé dans l’est du pays, fomentés de l’extérieur par un pouvoir russe décidé à maintenir cette nation voisine dans sa zone d’influence. La propagande poutinienne a présenté le gouvernement de Kiev comme une équipe plus ou moins fasciste alors que l’extrême droite, dans des élections libres, a réalisé en Ukraine un score marginal ; le gouvernement russe a ensuite infiltré des agents spéciaux rompus à tous les coups tordus pour déstabiliser l’Est ukrainien ; tout en proclamant sa volonté de compromis, il a attisé l’incendie pour transformer une protestation politique en guerre civile. Tablant que son nationalisme agressif soutiendrait sa popularité, le culturiste de Saint-Pétersbourg nourrit par la violence son rêve grandiose d’empire eurasiatique, aux dépens de la paix européenne. Quelque trois cents personnes viennent de payer de leur vie cette hubris grand-russe. Si le