La gauche peut elle mourir ? En évoquant, mi-juin, ce possible destin, le Premier ministre, Manuel Valls, a pris la mesure de la déroute électorale du Parti Socialiste français aux européennes et l'ascension vertigineuse du Front National. Mais ailleurs, comment se porte la gauche ? Libération interroge des spécialistes de quatre pays européens : L'Italie, l'Allemagne, l'Espagne et la Grande-Bretagne. Aujourd'hui : l'Italie.
Philosophe et ancien maire de Venise (1993 à 2000), Massimo Cacciari porte depuis des années un regard critique sur la gauche européenne. Il revient sur les paroles de Manuel Valls prononcées mi-juin. Face à la montée du FN et après la claque électorale du PS aux européennes, le Premier ministre avait affirmé : «La gauche peut mourir.»
Le Premier ministre français a-t-il raison de mettre en garde sur le fait que la gauche risque de disparaître ?
C'est un vieux discours qui remonte à près de quarante ans, notamment en Italie. En 1980, j'étais parlementaire communiste, et j'avais écrit un essai intitulé Sinisteritas dans lequel je mettais en garde sur l'utilisation même du terme de «gauche». Puis, les années suivantes, il y a eu un grand débat en Italie autour du livre de Norberto Bobbio, Droite et Gauche. Au final, la question a été classée au début des années 90 avec l'effondrement du Parti communiste et la disparition du Parti socialiste. Cela fait désormais trente ans qu'il n'y a plus de Parti socialiste en Italie et que l'on s'invente toutes sortes de partis comme celui du Chêne, de l'O