Menu
Libération
Interview

Josep Ramoneda : «La gauche espagnole n’a pas su affronter l’austérité»

Article réservé aux abonnés
La gauche peut elle mourir ? En évoquant, mi-juin, ce possible destin, le Premier ministre, Manuel Valls, a pris la mesure de la déroute électorale du Parti Socialiste français aux européennes et l'ascension vertigineuse du Front National. Mais ailleurs, comment se porte la gauche ? Libération interroge des spécialistes de quatre pays européens. Aujourd'hui : Josep Ramoneda Politologue, chroniqueur régulier pour le quotidien El Pais
publié le 23 juillet 2014 à 18h06

Directeur de l'Institut de recherche et d'innovation du centre Pompidou, initié par Bernard Stiegler, Josep Ramoneda est aussi philosophe et journaliste, il a publié, au plus fort de la crise en Espagne, un livre intitulé la Izquierda necesaria («la gauche nécessaire», éditions RBA Libros, 2012). La déclaration du Premier ministre français ne pouvait lui échapper.

Manuel Valls a dit : «La gauche peut mourir.» Qu’en pensez-vous ?

Ce commentaire ne manque pas d’ironie, car son auteur pourrait lui-même devenir l’un de ses fossoyeurs. Mais je suis en bonne partie d’accord avec lui. Si la gauche ne fait pas son devoir, si elle ne sait pas relire le monde actuel, si elle ne sait pas se débarrasser de ses vieux préjugés, si elle succombe à un mimétisme vis-à-vis de la droite, si elle ne peut pas être autre chose qu’un léger correctif aux politiques libérales, si elle ne sait pas se connecter avec la majeure partie de la population, je pense qu’elle n’ira pas bien loin. Et alors, oui, le commentaire de Manuel Valls pourrait se révéler prémonitoire.

La gauche française est particulièrement menacée ?

Elle est en pleine tempête. De la phrase de Valls, je tire une certitude : si la gauche meurt, elle ne le devra qu’à elle-même. Pendant sa campagne électorale, François Hollande avait, à mon avis, mis le doigt sur le problème central : celui de la justice sociale. C’est une magnifique idée pour affronter la crise, pour se différencier de la droite. Mais, une fois arrivé au pouvoir, Hollande a oublié cette promesse, il s’est laissé emporté par la politique d’austérité dominante et par la dérégulat