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Portrait

Maya Foa, l’injection vitale

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De Londres, cette abolitionniste traque depuis quatre ans les laboratoires, notamment européens, qui fournissent les drogues létales utilisées dans les prisons américaines.
publié le 24 juillet 2014 à 19h56

Elle est un grain de sable dans une machine de mort à l’œuvre à des milliers de kilomètres de son bureau anonyme de l’est de Londres. Penchée sur une feuille de papier blanc, elle trace et retrace au crayon des schémas simplistes, comme pour mieux décrire ce qu’elle explique. Maya Foa a tout juste 30 ans et, ce n’est pas un cliché, sa vie a changé sur un coup de fil, en 2010.

A l'époque, elle vient de finir ses études de littérature française à l'université d'Oxford - «j'ai beaucoup travaillé sur les écrits de Nathalie Sarraute et le Nouveau Roman». Elle est alors en stage chez Reprieve, une organisation caritative qui lutte, entre autres, pour l'abolition de la peine capitale. Fille d'un père juif italien et d'une mère musulmane indienne, «tous deux non pratiquants mais de vrais humanistes», elle est attirée par le «combat de ceux qui n'ont pas de pouvoir».

Le coup de fil vient de Clive Stafford Smith, fondateur de Reprieve et juriste de renom. Il lui demande de faire quelques recherches sur la provenance de produits utilisées pour les exécutions capitales aux Etats-Unis. «Après une demi-heure sur Internet, j'avais localisé Dream Pharma», se souvient-elle. Cette officine cache ses bureaux derrière les locaux d'une auto-école miteuse de l'ouest de Londres. Et vend aux Etats-Unis, notamment aux pénitenciers qui appliquent la peine de mort, du sodium thiopental, un puissant anesthésique utilisé dans le cocktail injecté aux condamnés.

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