Vous avez beau avoir vu des photos de ces vieilles dames si singulièrement accoutrées dans la presse chinoise, rien ne peut vous préparer au spectacle de la plage numéro 2 de Qingdao. La surprise et le fou rire l’emportent devant ces retraitées en maillot de bain qui font trempette le visage recouvert d’une sorte de passe-montagne de plage.
«Pieuvres». Ajourées à hauteur des yeux, ces cagoules sont taillées dans des synthétiques bleus, verts, bariolés, parfois léopard. Il s'agit, explique madame Sun, qui barbote avec ses copines sexagénaires toutes capuchonnées, «d'abriter du soleil les parties du corps qu'il ne faut surtout pas faire bronzer». Le visage donc, mais aussi les mains, gantées jusqu'au poignet. Leur pire cauchemar serait de ressembler à des paysannes au visage brûlé par le soleil.
Naguère ouvrière dans une usine de papier toilette, Mme Wang soutient que la crème solaire serait moins efficace que sa peu seyante capote bleu azur, car elle «se dissoudrait dans l'eau». Surtout, souligne-t-elle, le coût d'un écran total amputerait d'un bon quart sa retraite minuscule. Prohibitif. «Pour survivre en Chine, il faut économiser, économiser et encore économiser», se lamente-t-elle, approuvée par les hochements de tête des cagoulées.
Qingdao reste l'une des rares plages chinoises où les baigneuses osent sans honte s'exhiber en «face-kini». Les fangshuaiyi (vêtements antisolaires) auraient été