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TRIBUNE

Gaza : qu’attendons-nous donc ?

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Face aux derniers événements à Gaza, où se trouve l’Europe ? Que font et disent les leaders européens ?
Catherine Ashton, haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères lors d'une conférence de presse avec le Premier ministre palestinien Salam Fayyad, en 2010. (Photo : ABBAS MOMANI.AFP)
par Miguel Angel MORATINOS, Ancien ministre espagnol des Affaires étrangères, Ancien envoyé spécial de l’Union européenne au Proche-Orient pour le processus de paix israélo-palestinien
publié le 27 juillet 2014 à 18h06

Les derniers événements à Gaza me renvoient à la cruauté et à la souffrance d’une région pour laquelle j’ai consacré beaucoup de mes efforts aussi bien professionnels que personnels et qui, malheureusement, n’arrive pas à mettre un point final à plus de soixante-six ans de conflits. Du côté palestinien, plusieurs centaines de personnes ont déjà perdu la vie cette dernière semaine. Des morts qui s’ajoutent aux destructions matérielles et qui instaurent la désespérance d’une population qui dort, si elle peut, abandonnée chaque nuit dans les bombardements et sans savoir si le lendemain l’un d’entre eux aura disparu. Du côté israélien, les sirènes de Tel-Aviv, qui n’avaient pas sonné depuis la guerre d’Irak, contaminent de même les nuits des familles plongées dans la crainte et l’incertitude.

Je n’ai pas, ici, l’intention de m’attarder sur l’origine et le pourquoi de cette nouvelle crise, même si personne ne peut nier à Israël son droit à une légitime défense, mais celle-ci doit être proportionnée. Tout le monde a condamné le rapt et l’exécution des trois jeunes Israéliens, condamnation à laquelle je me suis personnellement allié. Et nous avons tous aussi condamné l’horrible assassinat du jeune Palestinien, mort injustement par les mains de la vengeance de radicaux et fanatiques juifs. Face à cette situation, c’est la honte éthique et politique qui nous envahit en assistant impuissant à un déploiement de la violence qui semble ne pas s’arrêter et qui nous ramène aux épisodes plus dramatiques et tristes de la région. Cette situation démontre à nouveau l’absence de courage et de bravoure politique de la communauté internationale. Une communauté chaque jour plus «fatiguée» d’un conflit qui dure depuis presque cent ans et qui semble ne pas avoir de solutions possibles. A part le geste courageux et opportun du pape François, les principaux acteurs internationaux semblent, apparemment, avoir «jeté l’éponge» et n’obtiennent pas une issue définitive. L’administration nord-américaine et Obama ont réagi et ont lancé la voix d’alarme dans la communauté internationale, tandis qu’ils essayent de chercher un accord similaire à celui de 2012, avec l’Egypte et le Qatar.

Face à cette situation, où se trouve l’Europe ? Que font et disent les leaders européens ? On a pu lire sur la une des journaux que l’Europe réclame timidement la contention des parties impliquées. Mais où sont les diplomaties européennes ?

Quelle catastrophe doit-il se produire pour que nous nous mobilisions ? Je crois sincèrement que nous ne devons pas attendre une minute de plus pour que la trajectoire d’un missile produise une tragédie encore plus grande qui nous sorte de notre léthargie.

Nous devons réfléchir et agir rapidement pour que Gaza ne soit pas condamnée à l’indignité de la mort et de la souffrance et que les familles juives ne le soient à la peur et à la violence. Il faut agir a