Peut-on tout dire ? Reconnaître que la peur est dans les deux camps, pas seulement parce que chacun commet des crimes de guerre mais par les intentions meurtrières qu’il dévoile. Nul doute que nombre d’Israéliens aimeraient se débarrasser une fois pour toutes de Gaza. Nul doute que nombre de Palestiniens rêvent - eux aussi sans y croire - de la disparition de ce qu’on a longtemps appelé dans le monde arabe «l’entité sioniste», conformément au programme du Hamas qui prône l’établissement d’un Etat islamique en Palestine de la «mer au Jourdain» à la place d’Israël. Et ce n’est pas parce que les Palestiniens à Gaza font face, une quatrième fois depuis 2005, au déchaînement de la puissance militaire israélienne, que les craintes des Israéliens sont infondées pour autant.
Une fois de plus, les peurs des uns nourrissent celles des autres, dans un cercle mortifère dont on ne voit pas la fin. On a raison d’avoir peur, quand bien même les peurs aveuglent et sont instrumentalisées par les deux camps, que ce soit la direction israélienne ou le Hamas. La meilleure façon de les surmonter n’est pas de les nier. Au contraire, il s’agit de comprendre à quel point elles sont légitimes.
Savoir que la Palestine n’est pas l’Irak et que si les habitants de Gaza soutiennent - aujourd’hui plus qu’hier et probablement moins que demain -la lutte engagée par des groupes islamistes armés, ce n’est pas qu’ils rêvent d’un nouveau califat, mais que le Hamas incarne une résistance à l’occupation en Cisjorda