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Interview

Gesine Schwan: «L’Allemagne a une longue tradition de coopération sociale»

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La gauche peut elle mourir ? En évoquant, mi-juin, ce possible destin, le Premier ministre, Manuel Valls, a pris la mesure de la déroute électorale du Parti Socialiste français aux européennes et l'ascension vertigineuse du Front National. Mais ailleurs, comment se porte la gauche ? Libération interroge des spécialistes de quatre pays européens. Aujourd'hui : Gesine Schwan, Présidente de l'université Humboldt-Viadrina School of Governance à Berlin.
publié le 28 juillet 2014 à 18h06

La politologue Gesine Schwan est présidente de l’université Humboldt-Viadrina School of Governance à Berlin. Membre du SPD, elle a été, à deux reprises, la candidate de l’opposition au poste honorifique de présidente de la République. Elle dirige, depuis mai, la commission qui assiste la direction du parti dans sa réflexion sur le programme du SPD. Elle est notamment auteure de «Confiance et Politique : théorie politique au temps de la globalisation».

Presque partout en Europe, la gauche est en crise, comme l’ont montré les élections européennes. Pourquoi ?

Et pourtant, ce devrait être l’heure de la gauche… La gauche avait prédit la crise jusqu’à un certain point, elle est critique envers les injustices sociales de plus en plus criantes dans tous les Etats membres. L’idée générale de la gauche est qu’il faut créer les conditions nécessaires à une véritable égalité des chances. Tout cela devrait être favorable à la gauche. Et pourtant - à l’exception de l’Italie et, peut-être aussi, de l’Allemagne où elle participe au gouvernement - partout en Europe la gauche semble faible… Cela montre que quand on parle de la gauche, il ne faut pas seulement avoir un programme mais il faut aussi un personnel politique capable de gagner la confiance des électeurs, et, surtout, une stratégie en partie pragmatique pour atteindre l’objectif d’égalité sociale.

Manuel Valls évoque le risque d’une «mort de la gauche» ; qu’en pensez-vous ?

Je ne crois pas que les idées générales de la gauche - égalité des chances, solidarité - puissent être un jour considérées comme superflues. C’est une question de cohésion sociale : à partir d’un certain degré d’injustice, on peut s’attendre à des